La leçon d'art [en cours]

Josephine Donaldson



Je soupirai aussi longtemps que je pouvais. J'espérai vivement que le professeur d'art soit présent aujourd'hui, espérons vivement. Je sortis du cours de mathématiques avec Mr. Maths qui n'avait pas fait de cours aujourd'hui. Étrange tout cela, il ne faisait que parler des grands mathématiciens de l'histoire. C'était censé être pour le cours d'histoire mais en tout cas les élèves qui détestaient les maths étaient aux anges et pouvaient alors gribouiller sur leur feuille ou rien faire ou bien juste écouter comme moi mais en prenant des notes. On pourrait supposer qu'il pourrait nous faire un contrôle surprise dessus pour le prochain cours.

Je me dirigeai vers la salle d'art, munie de mon plan, que je retrouvai aisément (merci Mr. le plan). Étrangement la porte était ouverte, je me suis dis que cela devait être un mutant qu'il avait le pouvoir de déverrouiller les serrures et les portes. C'était fort possible ou bien les mutants possédant le pouvoir de manipuler à sa guise. Ce qui était sûr j'entrai dans la salle sans attendre le professeur, car ,m'a-t-on dit, ce professeur manquait une fois sur deux ses cours tellement il était plongé dans ses occupations qu'il oubliait ses cours.

Je n'arrivai pas à croire que j'ai autant de professeurs aussi étranges les uns que les autres. D'abord Mr. Caldwell, je pense que c'est l'un des seuls professeurs dits "normaux", de façon banale, après il y a Mr. Maths, un professeur qui adore sa matière mais il prenait cela au sérieux (hum un peu comme Mr. Caldwell mais je ne sais pas s'il prenait cela pour un travail ?). Dans tous les cas ces deux professeurs avaient l'air de bien s'entendre. Après j'ai Mme Murphy, une adorable professeur, une professeur différente des autres non parce qu'elle est humaine ou juste une professeur par-ci par-là mais parce qu'elle nous soutient et veut que nous développions notre pouvoir.

Maintenant je craignais le pire pour le professeur d'art. Un certain élève dont je ne me souvenais plus de son nom, m'avait dit que c'était l'un des professeurs les plus étranges de l'institut, c'était une sorte de fou qui traînait dans les couloirs parlant au vide avec sa passion innée. A vrai dire avec cette description, j'aurai préféré changer d'option mais c'était trop tard.

Je rentrai dans la salle et m'installai au premier rang, je sortis mes affaires. Ainsi arrivèrent d'autres élèves de l'option arts plastiques. Je regardai les élèves entrer dans la salle en essayant de mémoriser leur visage et leur nom. Je reconnus les élèves dits "actifs" mais les élèves absentéistes ou les élèves qui ne participent jamais en cours, je les oublie facilement. Dix minutes s'étaient écoulées lorsque la salle commençait à se remplir.

Soudain arriva un autre élève qui avait l'air... blasé...

Nils Bergström



Cloc cloc cloc... Les cours de je ne me rappelle plus avait enfin pris fin. C'était terriblement long que je n'avais rien compris, ni capté mais surtout beaucoup trop ennuyeux pour ma pauvre petite tête qui n'avait qu'une idée en tête : dormir. Je n'ai jamais compris pourquoi assister aux cours qui ne vont jamais me servir, encore pire pour les matières de langues. J'étais tout de même à deux doigts de prendre une option de langue étrangère juste parce qu'au moins je n'avais aucun effort à faire. Mais en vrai j'aurai dû prendre une à la place d'art. Mais au final ce n'était pas trop mal de prendre art puisqu'il n'y avait quasiment pas de cours depuis mon arrivée, il y a environ 5 ou 6 mois.

J'ai déjà oublié la tête du prof. Je savais que dans ma classe il y avait deux ou trois élèves qui ont pris art, alors pour éviter que je me perde dans les couloirs je suivis de trèèès loin les élèves ayant pris option art. Pendant tout le long du trajet pour aller dans la salle d'art, je n'arrêtai pas de bailler et je tins lourdement mon cahier et mon stylo. Oui j'ai trouvé cela très inutile d'emmener dix milles stylos juste pour une journée. Je me suis dis qu'avoir trop de couleurs dans une page ferait mal aux yeux. En vrai je n'écrivais strictement rien en cours, même pas les mots-clés. Rien de chez rien juste parce que je dormais.

En parcourant le couloir, j'étais en mode zombie qui marchait très lentement ou traînait, et bien sûr j'ai perdu de vue mes camarades. Ils marchaient vraiment vite visiblement. Hum un peu comme tout le monde, encore pire pour les sportifs notamment Mr. Caldwell. Il était beaucoup trop actif pour que je puisse suivre son cours. Des élèves me bousculèrent en me disant des "Oups", "Ah pardon", "Hé regarde où est-ce que tu vas" etc. Quant à moi je ne leur répondis pas, juste parce que je n'avais aucune motivation pour parler.

Cela faisait déjà dix minutes que je traînais dans ces longs couloirs et je retrouvai enfin la salle en question. Je poussai un long soupir en me demandant si le professeur serait encore là ou non. J'ai déjà vite oublié sa tête et son nom... Cela restait à revoir car déjà me rappeler de sa tête c'est demander beaucoup d'effort et aussi retenir les places. Non en faite je prenais ce qu'il restait dans la salle.

J'entrai dans la salle et vis avec étonnement que le professeur n'était toujours pas arrivé alors que j'étais moi-même en retard. Fort heureusement que j'arrivai avant lui, à moins qu'il se cachait quelque part dans la salle. Cela m'étonnerait et ce n'est pas son genre aussi. Les élèves chahutaient dans la salle (alors qu'en réalité ils discutaient tranquillement) et je fis un mouvement circulaire de la tête, cherchant une place devant le tableau, oui sans gêne je sais. Pendant mon observation je trouvai une place.

Cette place est la pire place des élèves bruyants : se mettre au premier rang, pile poil en face du bureau du professeur. Je laissai pousser un très long soupir, comme à mon habitude. Je pris cette place et balançai mes affaires sur la table. Je croisai mes bras sur la table et commençai à reprendre mon activité habituelle : dormir.

A ma gauche se trouvait une blonde dont je ne me souvenais plus de son nom mais je sais que j'entendais très souvent sa voix. Elle risquerait de me déranger pendant tout le cours si le professeur était là. Quelle vie ennuyeuse...

Cameron Martinez



Cameron marchait dans le couloir avec peine, ce couloir n'en finissait pas de prendre fin ! C'était un petit nouveau, et se repérer dans l'établissement était encore un peu dur pour lui, mais il s'en sortirait, comme à chaque situation ! Et en plus, il a une grande mémoire qui l'aiderait tout au long de l'année, si on oublie son frère...

Là, il devait avoir cours d'art, où pouvait bien se trouver la salle ? Le jeune garçon avait perdu ses camarades de classe de vue, et il n'avait rien pour se repérer...Rah, il aurait dû demander un plan de l'école ! Il n'allait quand même pas passer de classe en classe...il était bien trop timide pour ça et vu le couloir, le temps que Cameron ouvre les portes de chaque salle, le cours aura le temps d'être terminé.

Cameron soupira, et allait faire demi-tour quand une voix le fit sursauter. Un homme -peut-être un professeur - marchait d'un pas énervé, en insultant...quelqu'un ? Qu'en savait-il...Le garçon se mit alors dans un coin discret et l'observa passer son chemin. Il était bizarre, mais la chose la plus bizarre encore c'était qu'il s'est mit à crier sur...les murs ?? Cameron trouvait ça vraiment glauque, est-ce que ce type était normal ? Enfin mentalement ? Il n'avait jamais vu personne s'énerver contre des choses inanimés, et ça ajoutait une chose en plus dans sa liste d'inquiétude concernant cet Institut. Prenant son courage à deux mains en parlant un peu avec lui-même pour se rassurer, Cameron allait lui parler, mais celui-ci avait disparu. D'un pas rapide, il avança dans le couloir et tombait sur une porte ouverte, donnant visiblement dans une salle d'art. Il reconnut aussi quelques élèves de sa classe ! Mais alors, ne me dites pas que...c'était lui le prof !? Cet homme étrange avait fait un peu peur à Cameron tout à l'heure, mais en plus, c'était son professeur d'art.

Il entrait dans la salle sans dire un mot, le regard vers le sol et prenait rapidement place à une table, maintenant il fallait essayer de se faire discret. Le garçon sortit une feuille et un crayon à papier comme demandé, pour quoi faire ? Aucune idée, il attendait les instructions, le menton dans le creux de sa paume.

Cameron Martinez



Cameron était dans ses pensées, il n'écoutait pas un mot de ce que racontait son professeur, il avait d'autres choses en tête. À un moment, il s'est mit à regarder par la fenêtre, voyant un oiseau passer. Cam' n'était pas du tout concentré, visiblement. Il se laissait divertir par tout et n'importe quoi.

- Tiens, vous, dites-moi ce que vous en pensez...

C'était lui ou, cet homme s'adressait à Cameron ? Quoi !? Non, non, pas lui ! Surtout pas Cameron ! Son regard croisait celui du professeur, le garçon détournait rapidement le regard du sien, et retirait sa main de son menton. Un silence s'installait tandis que Cameron essayait de se souvenir de quoi ce prof parlait sous les regards des élèves présents. Pourquoi lui !? Parmi tous ces gens, pourquoi est-ce que c'est tombé sur Cameron ? Ce prof lui faisait peur, et pas qu'un peu... Il sentait le stress l'envahir et son cœur battre à mille à l'heure.

"D'accord, calme toi Cam', répond lui et il te laissera tranquille..." Il se souvint enfin de la question, que signifiait l'art pour lui ? Très bonne question. Cameron ouvrit la bouche avec hésitation, et puis, il laissait exprimer le fond de sa pensée.

« Hum...Pour moi...L'art est une forme d’expression plus complète peut-être, humainement plus profonde, que l’expression verbale; elle appelle de la part du spectateur, un engagement dans l’ordre du sentiment, dont certains esthéticiens modernes pensent pouvoir dégager les lois ou les “catégories”. L’analyse du sentiment que certains peuvent ressentir en peignant un portait par exemple, pourrait être ainsi une méthode pour approfondir la connaissance de l’homme et...lui ouvrir une possibilité infinies de choix à faire et de voies à emprunter selon ses désirs ou sa personnalité. Enfin...je ne sais pas trop comment expliquer ça... »

Josephine Donaldson



Je semblai tourner en rond devant ma feuille vierge sur la table, joliment bien installée. Je restai figée pendant un bon laps de temps, j'avais l'impression que mon cœur avait cessé de battre pourtant je respirais encore. Le professeur n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens avec un sens très étrange. Il alla voir un instant mon voisin que j'ai failli lui approcher pour réveiller. C'était trop tard. Mon voisin n'avait point du tout réagi à propos du message de professeur. Je crispai un instant.

Mon visage devint livide lorsque le professeur pointa du doigt sur.. un autre élève ! Ouf ! J'étais rassurée de savoir à quel point que je n'ai pas été choisi pour prendre la parole en première. Je restai immobile quand un élève expliquait qu'est-ce que c'était selon lui. Je n'aurai jamais pensé à ce genre de réponse, je dois avouer qu'il n'avait pas tord.

Le professeur bougea de nouveau et nous donna une consigne absolument large. En effet on pouvait faire ce qu'on voulait et sortir de notre zone de confort. Je laissai ouvrir ma mâchoire un bref instant jusqu'à la pire chose qui soit, et que je ne voulais surtout pas que cela arrive... Le professeur tapota mon épaule, je sursautai d'un coup et retournai ma tête légèrement vers le professeur avec un visage aussi pâle qu'un linge. Maintenant c'était à mon tour de répondre à la question. Qu'est-ce que je devais dire ? Je n'en avais pas la moindre idée, je perdis tous mes moyens alors je lui répondis à voix basse :

« J...Je ne sais pas. Je ne sais pas monsieur » répétai-je en tremblant.

Qu'un miracle puisse arriver en cours comme mon voisin qui se réveille ou qu'un élève fasse du bruit ou bien un autre volontaire. Je ne sais pas que le miracle fasse quelque chose !

Josephine Donaldson



Que venait-il de dire ? J'étais perdue dans mes pensées au plus profond de l'abîme... A quoi je songeais ? Un flash de mon enfance apparut devant moi, je vis mon grand-frère disparu venir me voir en me demandant si je voulais encore une autre tartine à la confiture de fraise. Une goutte de larme sortit de mon œil lorsque le professeur tapota de nouveau mon épaule. Mon souvenir disparut soudainement.

Les seules phrases que j'ai pu capter était est-ce que je pratiquais un art en particulier ? Oh bien sûr ! Mais comment lui répondre ainsi ? Je repris toutes mes forces et essuyai légèrement les larmes.

« Eh bien monsieur, je fais de la sculpture, plus particulièrement avec de la terre car la matière est agréable à toucher, je peux tordre, réparer, construire, faire des formes bref tout ! Alors qu'avec de la pierre, on peut se tromper dès les premières minutes. Je ne sais pas si vous comprenez. Et vous n'allez peut-être pas me croire, monsieur, mais je vais vous prouver que mon nom ne sera pas oublié dans l'histoire des sculpteurs, et ça je ne devrais décevoir à personne, surtout Neil ! Et c'est avec l'art que j'exprimerai mes plus profonds sentiments, des sentiments sincères. Seule l'image suffit de comprendre le ressenti de l'artiste. Oh... » m’interrompais-je, m'apercevant que je me suis beaucoup emportée.

Pensez-vous que le professeur m'a contaminé avec sa folie ?