Fumer et trouver l'inspiration [terminé]

Violet Scarlett



De l'air. Il lui fallait de l'air. Violet avait eut sa dose d'enfermement. En dehors des cours, elle restait toujours dans sa chambre. Elle s'occupait toujours de la même manière : en lisant et écrivant. De toutes façons ce sont les seules choses qui l'intéressaient. Elle aimait stimuler son imagination mais actuellement, les mots du livre qu'elle lisait n'arrivaient pas à stimuler son cerveau. Elle était complètement déconcentrée, sentant comme une pression, se sentant comme étouffée entre ces quatre murs. Elle avait besoin de prendre un peu d'air frais mais en même temps, elle n'avait aucune envie d'aller complètement à l'extérieur. Il y aurait... Du monde. Beaucoup. Elle n'en avait pas envie. Heureusement pour elle, il y a une alternative bien plus intéressante. Sortant lentement de sa chambre, munie de son livre et de son carnet, Violet marchait lentement et d'un pas délicat marqué par le contact de ses talons sur le sol en direction du balcon, cette fois vêtue d'une robe couleur bleu nuit avec toujours autant ses gants assortis.
Arrivée à destination elle regardait simplement déjà l'extérieur plantée dans le couloir pour enfin y pénétrer.
Elle sentit alors le vent lui caresser la peau doucement, lui faisant esquisser un sourire mais rapidement, une odeur de plus désagréable vint envahir ses narines. Tournant la tête, elle remarqua alors un autre individu sur ce même balcon. Ah... Elle qui pensait être seule... De toute façon, il devait sûrement avoir, lui aussi, besoin de calme et avec elle, il n'aura aucun soucis à se faire. Elle fit simplement un signe de tête en guise de salut et s'éloigna vers le coin du balcon, où elle trouva d'ailleurs une petite chaise sur laquelle elle se posa volontiers. Elle déposa son carnet sur ses genoux et ouvrit à nouveau son livre qu'elle put enfin apprécier à sa juste valeur. Elle le dévorait complètement et moultes émotions passaient sur son visage en fonction de ce qui s'y passait. De l'incompréhension à l'étonnement en passant par la colère et le soulagement saupoudré de joie et de peur. Un moment de plaisir pour elle.

Violet Scarlett



Malheureusement pour elle, sa lecture fut bien interrompue. Elle leva doucement les yeux vers l'individu, des yeux qui s'agrandirent en l'entendant. Un professeur ? UN PROFESSEUR ? Mon dieu elle fut presque paniquée. Elle qui d'habitude avait le don d'observer, n'avait aucunement prêté attention à la personne en question et en rien remarqué qu'il semblait largement plus mâture que les élèves. Elle se leva donc brusquement, faisant au passage tomber son carnet. Elle déposa le livre, ramassa son carnet, y prit le stylo accroché et commença rapidement à écrire le plus vite qu'elle pouvait. Ah qu'elle idiote elle faisait ! Elle devrait vraiment faire plus attention... Une fois terminée. Elle s'approcha un peu plus et lui montra ce fameux carnet sur lequel était inscrit "Bonjour Monsieur. Veuillez excuser mon impolitesse, je n'ai en rien remarqué qui vous étiez. Je suis Violet Scarlett et je suis ici depuis un peu plus de deux semaines."

Elle non plus elle ne l'avait jamais vu et ses yeux l'analysèrent de haut en bas. Ainsi elle pourra facilement le reconnaître de loin.

Par la suite, sa question se porta sur sa petite lecture personnelle et à nouveau, elle écrivit en s'aidant du mur, une écriture qui prit tout de même un peu plus de temps : "C'est un roman héroïco-fantaisiste. Pour faire court, c'est une femme, Jovielle, Chevalière Sainte du royaume d'Osjalv, qui se retrouve, par le biais d'un livre se révélant être une sorte de portail, dans son même royaume mais durant la guerre d'il y a 15 ans. Il y avait tous ses coéquipiers, tous ceux qu'elle connaît. La seule différence c'est qu'ils sont tous doués de magie et puis elle est coincée ici sans moyen de s'échapper. Aussi, tous les rôles sont inversés, le fou du roi se retrouve à être l'un des plus vaillant chevalier et le roi lui même devenu le fou d'elle-même en personne. C'est vraiment captivant !"

Violet Scarlett



En guise d'enchanté, Violet se pencha poliment arrangeant par la suite un peu sa chevelure mais pendant un long moment elle le fixa en serrant un peu plus son carnet. Ah... Il la croyait muette... C'était normal... Devrait-elle lui dire ? C'était un professeur peut-être pourrait-il comprendre... Mais non. Elle frissonna même à la simple idée d'émettre un son. Mais contrairement à ce qu'il pouvait penser, ce n'était pas si horrible que cela, de ne pas parler.
Violet l'écouta parler tout le long, écrivant progressivement au fil de ses paroles. Une toile ? Il peignait ? Cela ne doit pas être vraiment étonnant provenant d'un professeur d'art. L'artiste en panne d'inspiration à la recherche de sa muse... S'en était presque poétique aux yeux de Violet. La jeune fille fut tout de même perturbée. En aucun cas elle n'aurait cru qu'elle se retrouverait à être l'origine de l'inspiration d'autrui. Elle avait posé sa main au niveau de sa poitrine avec un regard surpris, laissant presque entendre un "Moi ?" imaginaire. Elle reprit alors son écriture rapidement, prenant encore quelques instants avant d'enfin lui montrer toutes ses réponses.

"(-) Ce n'est point aussi horrible que vous le croyez monsieur. L'on voit le monde différemment en n'ayant l'usage de la parole.
(-) Si vous souhaitez en découvrir, je me ferai un plaisir de vous guider. Je connais nombre de livres et je pourrai peut-être bien trouver quelque chose qui vous convienne. Les livre sont aussi une bonne source d'inspiration.
(-) Vous aidez ? Cela ne me dérange pas. Que peignez-vous habituellement ? "

Violet suivait le regard du professeur qui lisait progressivement dans un grand silence, sans bouger d'un poil, se tenant bien droite et la posture fière. Ses doigts fins gantés tenaient délicatement le carnet comme si c'était une pierre précieuse et c'est bien ce qu'il était à ses yeux, même tout simplement une partie d'elle. Après tout, c'était sa voix.

Elle n'avait pas d'expression particulière mais son regard était perçant comme si elle essayait de lire au plus profond d'autrui.

Violet Scarlett



Violet afficha un très léger sourire. L'on dirait bien que ce professeur est tout le contraire d'elle mais oui, il semblait beaucoup parler et surtout avec tant de politesse cela lui faisait bien étrange. N'empêche il semblait bien heureux de son aide et cela lui fit bien plaisir. Elle se mit alors à réfléchir un peu, jetant un coup d’œil à la forêt pendant quelques instants avant d'écrire à nouveau.

"Vous devriez tenter peut-être bien autre chose. Peut-être devriez-vous vous laisser un peu plus aller à votre imagination, voir tout ce qui vous entoure sous un autre angle. Si vous n'aimez pas vraiment représenter les choses telles qu'elles sont, y mettez peut-être ce qu'elles dégagent, ce que vous ressentez. Je pense que les sensations sont primordiales."

Sans lui montrer, elle resta un peu immobile à encore regarder autour d'elle pour s'attarder sur la seule et unique fleur qu'elle pouvait apercevoir, l'observa longuement et après l'avoir pointée du doigt, recommença à écrire.

"Cette fleur par exemple. Normalement l'on verrait juste une simple fleur. Pour ma part en me laissant un peu plus aller, au lieu d'y voir l'image de la solitude, j'y vois une image de l'espoir et de la force. Qu'est-ce que vous pouvez ressentir en la voyant ? Peut-être que cette simple fleur pourra vous inspirer."

Et ce fut enfin à ce moment qu'elle montra ses écrits.

Violet Scarlett



He bien, ce professeur était fort expressif, laissant afficher un léger sourire à Violet devant tant de gestes. C'était vraiment amusant de voir son changement rapide d'attitude, étant à présent hanté par la réflexion. Son regard ne le lâchait pas alors que lui fixait cette fameuse fleur qu'elle finit par regarder en écoutant ses impressions. Mais elle se mordit légèrement les lèvres en l'entendant parler de l'éphémérité. Oui... Oui c'est vrai mais peut être bien qu'elle aura disparue bien plus tôt que prévue, écrasée, arrachée ou même coupée. Ce souvenir si fort et douloureux de son père lui revint tel un flash en détail. Son corps allongé sur un sol rouge qui un peu plus tôt brillait par sa propreté. Sa tête contre le pied d'une femme en robe rouge ayant perdue l'une de ses chaussures que l'on retrouvait non loin. Les yeux et la bouche ouverte de son père qui marquait une expression de peur définitive sur ce visage d'habitude si souriant. Du sang coulant légèrement de son front venait séparer en deux son visage, la légère goutte tombant sur sa chemise blanche, sa préférée, possédant à présent quatre trous. Elle se voyait crier avec désespoir son père, le suppliant de se réveiller, sa petite voix aiguë raisonnant dans cette banque, à genoux dans cette flaque rougeâtre à l'odeur lui donnant la nausée. Son désespoir se faisant ressentir à des kilomètres. Elle le secouait et criait mais il n'avait aucune réaction et sa tête se pencha sur les côtés face à ses secousses, la salive voulant alors de sa bouche ouverte.

Les mots du professeur avaient arrêté de parvenir à son cerveau, seul le son des balles et cette vision d'horreur s'affichait en boucle en elle. D'habitude elle faisait tout pour ne pas y penser et s'occupait l'esprit avec ce qu'elle aimait, lecture et écriture toute la sainte journée et tentait plutôt de se rappeler de ce père énergique et joyeux et sourire à cela mais actuellement, seule cette horreur lui vint à l'esprit.

Des larmes firent alors leur apparition, coulant lentement sur un visage affichant la terreur. Son carnet avait glissé de ses mains, tombant sur le sol dans un bruit sourd. Elle regardait cette fleur mais elle semblait bien fixer un vide ou quelque chose d'invisible. Elle se mit à légèrement trembler et une vague intense de sentiments l'envahit: la peur, la tristesse, le désespoir et puis la haine pour cet homme, la faiblesse et la culpabilité. Elle était capable de tuer... Rien qu'en parlant. Un simple mot et sa pauvre cible mourait mais elle était incapable de redonner la vie. Si elle avait été là peut-être aurait-elle pu tous les protéger, il n'y aurait eut aucune victime ! Son père serait encore vivant ! Elle l'entendrait rire et applaudir, s'exclamer devant ses écrits et lui montrer son admiration. Il n'y avait que du vide à présent.

Elle revint soudainement à la réalité comme si elle était perdue dans un autre monde, incapable d'arrêter ses larmes abondantes. Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant ? Quel spectacle ridicule et pathétique qu'elle montrait là. Elle voulait arrêter mais elle n'y arrivait pas. Elle baissa la tête de honte prononçant alors un faible et tremblant " pardon" pour un tel comportement devant ce professeur qui semblait si heureux il y a quelques instants. Elle voulait s'en aller rapidement mais elle était incapable de bouger. Elle se sentait faible et son corps ne voulait répondre. Elle aurait dû rester dans sa chambre tout cela ne serait jamais arrivé.

Violet Scarlett



Violet se laissa faire doucement sans pour autant le regarder. Elle avait terriblement honte d'elle. Elle n'avait pleuré que devant sa mère jusqu'à aujourd'hui.
Elle gardait la tête baissée, ses points fermés posés sur ses cuisses, encore un peu tremblante. L'on entendait quelques pleurs sourds, les quelques gouttes tombant sur sa robe doucement. Ce fut après de longues minutes ainsi que ses larmes finirent par s'arrêter. Elle essuya doucement son visage couvert de ce liquide salé et récupéra doucement son carnet et son stylo. Elle devait s'excuser pour cela. Elle avait posé lentement la pointe sur le carnet mais elle tremblait encore ce serait peut-être bien illisible. Elle se leva lentement. C'était un professeur, elle devait s'excuser comme il se doit face à une telle scène. Écrire serait peut-être bien impolie de sa part. Sa tête se releva lentement pour y observer finalement le visage perturbé et peut-être bien paniqué du professeur. Cela lui fit un peu mal d'avoir ainsi provoqué des sentiments si négatifs en lui. Arrangeant maladroitement les mèches qui s'étaient collées à son visage, elle s'excusa à nouveau.

« ... Par...don... »

Elle ne voulait rien prononcer d'autre. Parler... Parler devenait progressivement une sorte de torture pour elle. L'effort qu'elle venait de faire pour ces deux simples syllabes était énorme mais elle se devait de respecter un minimum l'adulte devant elle.

Elle inspira et expira plusieurs fois et ses tremblement cessèrent enfin. Elle reprit donc son carnet et y écrit à présent normalement. "Veuillez m'excuser pour cette scène. J'ai honte d'avoir gâché un tel moment et de vous avoir menti. Je ne suis pas muette, je ne veux pas parler. Pardon, Monsieur."

Violet Scarlett



Violet referma doucement son carnet, s'attendant peut-être à une réprimande de la part de ce professeur mais au lieu de cela, il fut compréhensif. La légère peur qui planait au-dessus d'elle s'était dissipée et ses yeux se reposèrent à nouveau sur l'artiste qui s'était alors mis à sa hauteur et l'entendre ainsi la réconfortait, lui fit du bien. Il dégageait une certaine douceur qui lui faisait du bien et ils ne semblaient pas si différents d'une certaine façon. Elle savait à présent, qu'il y avait quelqu'un qui pouvait comprendre sa douleur et qui actuellement, voulait l'aider. Pendant un court instant, elle y vit l'image de son père la rassurant plus jeune.Il y régnait la même atmosphère qu'il y a dix ans en cet instant et cela lui déclencha au lieu de larmes, un sourire respirant la gratitude. Il avait raison. Elle ne devrait pas rester ainsi à se morfondre. Jusqu'à présent, elle n'a fait que se mettre des barrières voulant éviter toutes douleurs mais qui ne faisait que l'y plonger bien plus. Elle se souvint alors de la sensation qu'elle avait eut en émettant un son dans la salle des dangers, en entendant sa voix. Elle était si...soulagée, heureuse et même une once de sentiment de liberté mais la peur la rongeait. La peur est cet énorme mur qui la sépare du bonheur. Peut-être voyait elle en ce sentiment une sensation de sûreté... La peur empêche de prendre des risques, il ne lui arrivera donc rien mais avoir peur de sois-même revenait peut-être bien à s'auto-détruire.

Elle revit le visage de sa mère. Son regard, ses yeux vert rempli d'espoir en la voyant franchir le portail. Son petit "Au revoir Violetta", ce petit surnom alors qu'elle possédait plus jeune. Elle ne l'avait plus entendu jusqu'à cet instant. Elle voulait revoir sa petite Violet, toute joyeuse, pleine d'énergie et pipelette, ne cessant de parler encore et encore de choses farfelues qui émanaient de son cerveau si créatif. Et, elle aussi... Elle aussi elle voulait la retrouver. Au plus profond d'elle-même elle voyait cette petite Violetta qui n'attend que son aide pour enfin sortir. Elle devrait écouter ce fameux professeur et finalement, accepter l'aide que lui apportera cet institut.

Elle le suivit alors du regard lorsqu'il se leva, son sourire toujours affiché sur son visage. Ce professeur a été le petit déclic qui allait sûrement tout changer par la suite.

Il en vint donc à parler à nouveau de créativité et cette fois la concernant. Elle reprit alors son carnet qu'elle fixa pendant un long moment. Il renfermait sa voix actuellement. Elle y écrit à nouveau puis se leva lentement pour donc lui montrer.

"J'écris beaucoup. Je ne suis douée que pour retranscrire par écrit toutes ces idées qui se bousculent dans mon esprit. Je n'ai jamais été douée pour dessiner."

Elle tourna la page.

"Est-ce que vous peignez depuis longtemps ?"

Elle était devenue soudainement curieuse concernant ce professeur.

Violet Scarlett



Écrire... Des histoires fabuleuses... Oh c'est bien ce qu'elle voulait. Qu'elles soient aussi fabuleuses pour elle que pour les lecteurs. Il est vrai qu'il y a longtemps, elle avait l'image d'elle dans une librairie en regardant un livre qui portait son nom. Cette idée l'emplissait de bonheur et d'excitation, une impression que tout autour d'elle brillait. Quelques frissons envahirent alors son corps.

Et puis par la suite, il émit l'hypothèse qu'elle pourrait être intéressée par autre chose. Il est vrai que l'art peut être sous tant de formes différentes. Elle n'a jamais vraiment essayé autre chose et n'a d'ailleurs jamais vraiment été attirée. Son domaine c'est l'écriture ! C'est un véritable coup de foudre sans aucun doute !

Mais rapidement, le professeur d'art partit dans un long monologue enjouée sur la peinture et lui. Cela s'entendait à sa voix qu'il était passionné. Elle pouvait y voir une aura lumineuse et pleine de couleur autour de lui et pouvait même sentir, rien qu'à son imagination une douce odeur fruité ! L'on aurait dit un enfant. Un enfant qui raconte avec enthousiasme la chose fabuleuse qu'il a vue ou faite.

Violet était restée immobile à l'écouter, son carnet contre sa poitrine et un sourire sur son visage, hochant de temps à autre la tête pour lui signifier qu'elle était toujours aussi attentive et que surtout elle le comprenait parfaitement. Même si contrairement à lui, sa famille et elle ne se séparaient pas, sa passion envers l'écriture doit sûrement être la même que la peinture pour M. Marshall. Elle se retrouvait dans ses paroles, c'était alors un bon plaisir de l'écouter.
Elle aurait bien aimé elle aussi lui parler de cet amour incommensurable, mais ce serait bien trop à écrire et surtout à attendre pour l'homme en face d'elle.

Son monologue se terminant, son sourire fut légèrement plus intense avant de rapidement noter dans son carnet.

"Vous parlez avec énormément de passion de votre art et de vos ressentis !"

Elle réfléchit quelques petits instants avant de reprendre son écriture.

"Pourquoi ne peindriez-vous pas votre passion? Nous parlions de sentiments et de sensations un peu plus tôt et pour le coup votre passion est lumineuse et pleine de couleur ! Retransmettez cette luminosité et toutes ces couleurs sur votre toile."

Elle avait pris goût à aider cet homme avec ce comportement particulier et parler ainsi de sa passion lui avait donné l'envie d'écrire! Il aura peut être bien l'honneur d'apparaître dans son histoire. Il ferait un personnage fortement intéressant à ses yeux ! Elle se souvint que plus jeune elle avait inventé un personnage qui pouvait faire vivre ses dessins. Hé bien... Elle pourrait le modifier un peu et obtenir un peintre illusionniste... Cela pourrait être intéressant ! Elle allait devoir développer cela sur le papier !

Violet Scarlett



Violet attendit fortement son avis sur sa proposition, l'écoutant réfléchir à voix haute en restant dans l'immobilité la plus totale. Elle se demandait ce qui devait se passer dans son cerveau dans ce genre de moment de réflexion.
Rapidement elle apprit que les couleurs ne faisaient plus parties de ses tableaux depuis belles lurettes et à ses potentielles explications elle se mordit légèrement les lèvres. Se remettre de quoi ? Elle n'avait aucun droit de demander plus de précision mais elle se doutait bien que ce n'était rien de beau et tout joyeux. Elle fera abstraction de cela bien que tout de même, cela restait dans un coin de son esprit.
Elle trouvait certes un peu triste de ne plus user de couleurs mais d'un autre côté elle pouvait comprendre. De son côté elle avait écrit pas mal de poèmes assez poignants, transmettant toutes ses pensées négatives dans ces mots à jamais scellés sur une simple feuille. Mais elle sait aussi ce qu'elle ressent en écrivant sur tant de choses fantastiques.

Elle lui fit certes un signe de tête en guise de remerciement mais voulu insister sur sa pensée colorée.

"Sauf votre respect, vous devriez dès aujourd'hui utiliser un peu de couleur. Si vous ne savez laquelle, prenez-en une au hasard. Peut être qu'à force d'utiliser quelques nuances de gris, vous verrez réellement le monde qui vous entoure ainsi. Je dis peut-être des bêtises mais je crois bien que vous avez plus besoin de la peinture que la peinture a besoin de vous. Je ne sais pas si vous comprenez où je veux en venir"

Elle le voyait ainsi. Il cherchait l'inspiration et cette inspiration devrait être colorée ! Au final elle prit son carnet et alla tout à la fin puis montra au professeur énormément de mots écrits dans tous les sens. Il n'y avait aucun liens entre eux c'était juste des mots gravés sur le papier. Elle tourna au fur et à mesure quelques pages qui étaient toutes autant remplis de ces mots et puis elle revint au début et recommença à écrire.

"Il m'arrive, sans aucune raison apparentes, à écrire des mots, au hasard dans ce carnet et en les relisant je m'amuse à voir que certains vont très bien ensemble et que d'autres s'opposent complètement. Certains sont d'un esthétisme particulier et d'autres ont une délicieuse sonorités et je me sers alors de chacun de ses mots pour les mettre par la suite dans mes écrits pour y ajouter une petite touche en plus. Un simple mot peut tout changer dans la façon dont on ressent une phrase. Ce doit être pareil pour la couleur certaines vont bien ensemble, d'autres se mélangent à la perfection comme le bleu et le jaune donne du vert ou d'autres encore s'opposent. Avec tous ces mélanges vous donnerez un renouveau à vos tableaux. Après, c'est votre choix, je ne vous force à rien !"

Elle voulait donner une petite touche de gaieté, comme quand ce professeur lui a, plus tôt, fait ouvrir les yeux sur sa condition actuelle.

Violet Scarlett



Son carnet à nouveau contre sa poitrine, la jeune muette écoutait ce professeur qui avait réussi à la faire sourire sincèrement. En ce moment, elle s'est sentie si utile. Voir ainsi ce professeur d'art s'extasier ainsi devant ses idées la fit légèrement rougir. C'est si... plaisant. Elle l'avait aidé à raviver sa belle passion pour la peinture et lui, l'avait fortement donné envie d'écrire. Ses doigts en frétillaient d'impatience et elle avait hâte d'allumer son petit ordinateur portable et écrire encore et encore jusqu'à l'épuisement. La passion est bien contagieuse! Il devait y avoir une atmosphère particulière sur ce balcon mais une atmosphère des plus agréables.

Elle fut bien honorée de l'avoir aidé et d'avoir été en quelques sorte, sa muse. Ainsi, elle fit une légère courbette en guise de "de rien", appuyant bien plus son air si princier pour écrire par la suite un "Au plaisir de vous avoir aidé. J'espère avoir le privilège d'admirer ce tableau coloré!"

Cet échange a bien été bénéfique pour tous deux. Peut-être bien qu'à présent, elle devrait arrêter de rester cloîtrer dans sa chambre, ce serait déjà un très bon début. Elle avancera petit à petit et peut-être bien qu'un jour, elle remerciera d'une voix vive et sincère, ce fameux M. Marshall.